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Le sida - VIH
La prévention de l’infection par le VIH, quels challenges dans le cadre de la pandémie à SARS-CoV-2 ?
Nous vivons la quarantième année de l’épidémie liée au VIH. L’année 2021 aura été marquée par une autre épidémie, celle du SARS-CoV-2, dont les conséquences affectent et affecteront encore la lutte contre le VIH. En effet, en 2021 le nombre de dépistages a baissé en France de manière massive (environ -15 % jusqu’à mi-2021). Ceci a entrainé une baisse du nombre de dépistages positifs de près de 30 % dans certaines régions françaises. Cette crise a également marqué un coup d’arrêt dans le déploiement de la Prophylaxie de préexposition (PrEP). Toutes les stratégies visant à « aller-vers » les populations afin d’informer et de tester ont également été ébranlées. Cette pandémie nous oblige à innover pour maintenir le lien avec les populations à haut risque mais aussi les autres qui, bien que moins touchées par le VIH, le sont de manière très importante pour les autres infections sexuellement transmissibles.
Des challenges déjà identifiés avant la crise le sont encore plus aujourd’hui à savoir :
• prendre le virage du numérique afin de toucher de manière efficace sur un large territoire l’ensemble des populations ;
• adapter l’offre de prévention aux différents publics et selon les territoires ;
• développer de nouvelles stratégies pour toucher les personnes les moins impliquées dans les parcours de prévention et qui sont pourtant à risque d’infection.
Sur ce dernier point, l’accent doit se mettre sur les jeunes et les adolescents, quel que soit leur milieu socio-économique. La moitié des diagnostics d’infection par le VIH est réalisée chez les moins de 30 ans, avant l’âge médian de consultation pour la mise en route de stratégies préventives combinées. De plus, cette population a été extrêmement impactée par la crise, sur le plan économique et social. La précarisation peut être associée à une augmentation du risque d’infection.
Enfin, avant cette crise, on observait une baisse trop discrète du nombre de nouvelles infections découverte en France, soulignant que les efforts favorisant l’accès à la prévention et au traitement précoce devaient être intensifiés. La crise sanitaire nous incite à redoubler d’effort.
Dr Olivier Robineau, co-président
Corevih des Hauts-de-France
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Une longue histoire
Le 5 juin 1981 est la date officielle du début de l’épidémie de sida dans le monde. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), organisme fédéral de santé publique (Atlanta), décrit alors le cas de cinq jeunes d’une communauté d’homosexuels de San Francisco atteints de ce qu’il appelait alors une pneumocytose. Le rétro-virus à l’origine du sida sera identifié deux ans plus tard à l’Institut Pasteur par Luc Montagnier, Françoise Sinoussi et Jean-Claude Chermann. Il est baptisé définitivement en 1986 sous l’appellation de virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
En réalité, l’épidémie avait commencé une quarantaine d’années plus tôt au Congo belge où Léopoldville (Kinshasa) fut l’épicentre de la pandémie. Mais le patient zéro a été infecté il y a plus de cent ans. Son évolution à bas bruit a masqué l’ampleur de la pandémie. Le virus atteint New York en 1971, puis au début des années quatre-vingt l’Ouest américain et l’Europe.
En 2021, près de quarante millions de personnes sont porteuses du VIH, 73 % bénéficient d’un traitement. On dénombre un million de victimes par an. Le sida est la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 49 ans dans le monde. D’après l’Onu, six millions des personnes atteintes du VIH dans le monde (16 %) ne savent pas qu’elles sont séropositives.
Depuis quarante ans, la course est au vaccin, mais tous les candidats ont échoué. La réponse immunitaire induite par les vaccins testés n’a jamais permis d’offrir une protection complète. Si un vaccin classique protège contre les formes graves, un vaccin contre le VIH doit irrémédiablement stopper l’infection.
Le VIH est un virus bien plus complexe que SARS-Cov-2. Cependant, les découvertes faites dans la lutte contre la Covid-19 et la réussite vaccinale obtenue en un temps record, laissent augurer de nouvelles stratégies vaccinales, notamment en surpassant la réponse immunitaire.
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Épidémiologie du VIH
Cette synthèse présente les données régionales de surveillance épidémiologique actualisées au 31 décembre 2020 pour les infections à VIH et le sida dans les Hauts-de-France. Ces données sont issues des systèmes de surveillance animés par Santé publique France (SpF) concernant le suivi des activités de dépistage du VIH par les laboratoires (LaboVIH) et la notification obligatoire des cas d’infection par le VIH et de sida. L’ensemble des données a fait l’objet d’une publication dans le Bulletin de santé publique VIH-IST des Hauts-de-France du 1er décembre 2021.
En 2020, le nombre de sérologies VIH effectuées dans la région Hauts-de-France était de 66 ‰ habitants. L’analyse des données montre que l’activité du dépistage par les laboratoires a fortement diminué entre 2019 et 2020, en raison d’une baisse du recours au dépistage lors du premier confinement. En 2020, l’activité de dépistage dans la région reste inférieure à celle observée en France métropolitaine hors Île-de-France.
Parmi les sérologies VIH effectuées dans la région en 2020, la proportion de sérologies positives pour mille tests effectués était estimée à 0,8. Elle varie peu depuis 2010, entre 0,8 ‰ et 1,1 ‰, sans tendance particulière. Cette proportion demeure proche de celle retrouvée au niveau de la France métropolitaine hors Île-de-France
En 2020, le nombre de découvertes de séropositivité au VIH en Hauts-de-France était de 37 par million d’habitants. Ce nombre a diminué en 2020 et est inférieur à celui de la France métropolitaine hors Île-de-France (43 par million d’habitants). Cette diminution peut être expliquée par la baisse de l’activité de dépistage et par une moindre exposition au VIH liée au confinement et mesures de restriction (fermetures les lieux festifs). À noter que cette diminution est aussi observée au niveau national.
Parmi les personnes découvrant leur séropositivité dans la région en 2020, plus des trois quart étaient des hommes et la classe d’âge des 25-49 ans était majoritaire (67 % des cas). La proportion d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes parmi les découvertes de séropositivité est relativement stable depuis 2015 et est le mode de contamination le plus fréquent (61 % versus 38 % pour les rapports hétérosexuels en 2020).
En 2020, 33 % des diagnostics sont réalisés à un stade avancé de l’infection à VIH (CD4 < 200/mm3 ou sida au diagnostic) dans la région, ce qui constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral. Cette proportion est supérieure à celle observée sur la période 2015-2019 (30 %).
Impact de la pandémie à SARS-CoV-2 sur le dépistage du VIH et des IST bactériennes
Les baisses du recours au dépistage en 2020, observées à la fois pour le VIH et les IST bactériennes, peuvent laisser craindre un retard au diagnostic et une circulation plus importante de ces infections. Il est donc important, dans le contexte actuel de persistance de l’épidémie à SARS-CoV-2, d’inciter la population à recourir au système de soins, et notamment à l’offre de dépistage dans toutes ses modalités, afin de permettre une prise en charge adaptée.
Par ailleurs, il est essentiel d’améliorer l’exhaustivité des données de surveillance, qui s’est particulièrement dégradée ces deux dernières années, afin de pouvoir disposer d’indicateurs robustes au niveau national et territorial, indispensables au suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030.
Bakhao N’Diane, PhD santé publique
Santé publique France, Lille
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Une Région engagée
Labellisée dans la lutte contre le sida au niveau national depuis le 12 septembre 2019 (signature de la Déclaration de Paris), la Région Hauts-de-France s’est engagée aux côtés des acteurs institutionnels et associatifs dans la lutte contre le VIH-sida. En effet, si la proportion de sérologies positives en Hauts-de-France est légèrement inférieure à la moyenne nationale, en revanche, on constate un recours plus tardif au dépistage en région.
Ce constat justifie le soutien de la Région en faveur d’un plan d’actions de prévention et d’incitation au dépistage, notamment auprès des jeunes (lycéens, apprentis, étudiants), défini en concertation avec de nombreux acteurs de santé : Agence Régionale de Santé, Départements, Académies, COREVIH HDF, professionnels de santé, associations, intitulé « vers une région Hauts-de-France sans nouvelles contaminations par le VIH-sida et les IST ».
Ce plan s’est traduit par le financement de dotations destinées aux lycées et aux Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMMPS) et d’actions de prévention et d’incitation au dépistage menées à l’échelle régionale. En 2021, 243 lycées ont ainsi bénéficié de 216 distributeurs, 250 000 préservatifs masculins et féminins, 145 mallettes d’animation à la santé sexuelle. 4 SUMPPS ont bénéficié de 1 000 autotests VIH.
Ces dotations s’inscrivent dans le cadre d’une convention entre la Région, les Académies et les SUMPPS au terme de laquelle ces derniers se sont engagés à se mobiliser sur le sujet de la santé sexuelle, à informer, accompagner et orienter les lycéens et les étudiants.
La Région a également soutenu la campagne de communication et de dépistage « Moi(s) sans tabou, les quinzaines de la santé sexuelle », portée et coordonnée par le COREVIH, du 15 mai au 15 juin 2021. Cette action, cofinancée avec l’ARS, a permis :
- la mise en place d’une campagne de communication 360 de promotion du dépistage VIH/IST ;
- l’envoi de kits d’autotests VIH au grand public (dont 1 500 fournis par la Région) ;
- la coordination d’actions de dépistage hors les murs ;
- l’organisation d’un webinaire ;
- une formation courte validante en santé sexuelle à destination des professionnels de santé.
Elle a impliqué de nombreux partenaires (associations de lutte contre le VIH, CeGIDD/CPEF, Associations communautaires, Rectorat/Établissements scolaires, URPS....) et a touché de nombreux professionnels de santé et médico-sociaux, des travailleurs sociaux et éducatifs ainsi que le grand public. Plus de 5 000 médecins libéraux ont ainsi reçu un kit de communication Moi(s) sans tabou. Un article dédié à la santé sexuelle et au rôle des médecins libéraux dans les parcours de santé renvoyant vers des outils pratiques a été diffusé dans le bulletin de l’URPS ML. Les équipes officinales ont reçu des éléments d’information et des outils pratiques. 268 professionnels ont suivi le webinaire en live le 29 mai 2021, 198 se sont inscrits à la formation santé sexuelle proposée en partenariat avec la Faculté de Médecine. Relayée largement sur les réseaux sociaux par les partenaires du COREVIH, la campagne de communication a permis de toucher un public large tout âge, orientation et genre confondus.
De septembre 2020 à juin 2021, l’association Solidarité Sida, soutenue par la Région, a organisé auprès de 15 lycées, l’action intitulée « les après-midis du zapping » représentant un total de 1 028 élèves. Compte-tenu de la crise sanitaire, cette action habituellement organisée dans des salles de spectacles, a été conduite au sein des établissements scolaires sous la forme d’une exposition intitulée « Love Sex & Safe, l’exposition de prévention ». Menée de manière ludique et pédagogique, cette démarche de prévention en santé sexuelle globale vise à :
- augmenter le niveau de connaissance des lycéens et apprentis sur la santé sexuelle (grossesses non désirées, IST/VIH, violences sexuelles, cybersexualité et les moyens de protections) ;
- créer un espace de parole positif et bienveillant sur les sexualités ;
- rendre les élèves acteurs de leur propre prévention en favorisant l’autonomie ;
- permettre aux jeunes de diffuser de l’information à leur entourage ;
- diffuser du matériel de prévention et permettre l’identification des structures ressources près de chez eux.
Sous réserve d’un état des lieux des besoins, de la mobilisation des acteurs et du vote des élus, le plan régional de lutte contre le sida devrait être reconduit et s’étendre en 2022 à d’autres lycées publics, aux lycées agricoles ainsi qu’aux CFA.
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RÉGION
Les 1000 premiers jours
À l’initiative de l’ARS et de la Dreets Hauts-de-France, un appel à projet régional sur les 1000 premiers jours, suite au rapport de la commission présidée par Boris Cyrulnik.
En septembre 2020, la Commission des 1000 premiers jours présidée par la neuropsychiatre Boris Cyrulnik avait remis au secrétaire d'État Adrien Taquet son rapport (cf. ci-contre). La chantier national des 1000 qui s’en est suivi s’est déployé sur cinq axes, soutenus par des appels à projets régionaux autour :
- du repérage des situations de fragilité et l’accompagnement des parents sans rupture tout au long des 1000 premiers jours ;
- du développement d’actions en promotion de la santé pour les plus petits (nutrition, environnement, expositions aux substances toxiques dès la période préconceptionnelle dans le milieu professionnel, au domicile, dans les lieux d’accueil du jeune enfant, etc.) ;
- de la prévention de l’isolement et de l’épuisement des parents, notamment des mères en post-partum ;
- de l’aménagement des lieux et de l’offre pour favoriser l’éveil culturel et artistique des tout-petits, notamment des plus défavorisés ;
- de la conciliation des temps entre vie professionnelle et parentalité ;
- de la place du père ou du second parent.
Neuf projets ont été retenus en Hauts-de-France, soit trois dans le Nord, deux dans l’Aisne et dans le Pas-de-Calais, un dans l’Oise et dans la Somme. Quatre thématiques ont été ciblées : Éveiller aux arts, à la nature et aux goûts (3 projets), Accueillir les enfants et leurs parents (3 projets), Proposer un accompagnement adapté aux situations spécifiques (2) et Permettre aux parents de partager et souffler (1).
Une application mobile a été créée ainsi que le site internet 1000-premiers-jours.fr. Un livret des messages clés de santé publique complète la panoplie d’outils mis à disposition.
Les recommandations du rapport Cyrulnik
La commission sur les 1000 premiers jours a émis de nombreuses recommandations, dont les principales sont :
• création d’un parcours des 1000 jours comprenant un accompagnement personnalisé commençant dès l’entretien du 4e mois, se poursuivant en maternité et jusqu’au domicile, et renforcé en cas de fragilités (handicaps, troubles psychiques ou fragilités sociales) ;
• généralisation de l’entretien prénatal précoce, (ne touche que 28 % des grossesses) ;
• augmentation des moyens des maternités et des PMI, afin que chacune des cinq cents maternités sur le territoire bénéficie d’un lien étroit et quotidien avec la PMI pour mieux accompagner les parents ;
• allongement du congé paternité, première étape d’une réforme ambitieuse du congé parental, dans l’intérêt du développement de l’enfant, mais également pour lutter contre la solitude et l’isolement des mamans ;
• généralisation et harmonisation du projet éducatif de l’accueil des enfants avant 3 ans.
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Rapport : Les 1000 premiers jours
Les 1000 premiers jours, là où tout commence.
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