Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et la Cour des comptes ont dressé le constat d’une absence de cohérence, de continuité et de suivi des politiques publiques liées aux addictions.
Dans son avis présenté le 9 janvier par Etienne Caniard et Marie-Josée Augé-Caumon, le Cese conclut à un "fort contraste entre la vigueur des règles appliquées aux produits illicites et les
hésitations des pouvoirs publics dans la définition et la mise en œuvre des politiques relatives à l’alcool et au tabac."
Face au tabagisme et à la consommation nocive d’alcool qui représentent respectivement les première et deuxième causes de mortalité évitable, le Cese demande des politiques plus cohérentes et formule des préconisations autour de trois axes pour faire évoluer la représentation sociale de l’alcool, pour une meilleure coordination, pour un repérage plus précoce des situations problématiques et un meilleur accompagnement.
Axe 1 : Fonder les politiques sur la réalité des dommages
Se doter d’une méthodologie pour des objectifs et fixer un suivi plus transparents
- Soutenir la recherche indépendante et l’utiliser pour xer les objectifs et évaluer leur suivi
- Identifier les priorités sur des critères objectifs en ciblant les populations à risque
Généraliser les outils de prévention qui ont démontré leur capacité
- Renforcer la prévention dès le plus jeune âge, via notamment l’acquisition des compétences psychosociales
- Encourager les actions de prévention auprès des jeunes conduites en particulier par des pairs formés
-Créer un périmètre sans publicité notamment près des espaces d’éducation et de formation, instaurer
un prix minimum dans les festivités qui doivent être préparées avec les acteurs et actrices de la réduction des risques
- Renforcer la prévention par les médecins et sages-femmes pendant la grossesse
- Consacrer le rôle des instances représentatives du personnel et accompagner les entreprises
dans leur action de prévention
- Assurer la transparence, la cohérence et l’indépendance de la politique publique de prévention des addictions à l’alcool.
Axe 2 : Créer les conditions d'une rencontre précoce avec le soin
- Renforcer les formations et redéfinir une stratégie nationale de diffusion du repérage précoce et intervention brève (RPIB)
- Orienter systématiquement les personnes hospitalisées en raison d’un trouble liée à une addiction vers les structures de soin et d’accompagnement en addictologie
- Impliquer davantage les ARS dans l’organisation du maillage territorial des dispositifs de soin et d’accompagnement et dans la coordination.
Axe 3 : Proposer des réponses adaptées à la diversité des besoins et des parcours de vie
Donner toute sa place à la réduction des risques
- Expérimenter, évaluer et diffuser les programmes de réduction des risques alcool et tabac en insistant sur la diversité des solutions
- Positionner la cigarette électronique parmi les dispositifs de sevrage tabagique : l’intégrer dans le discours de prévention ; former à l’accompagnement qu’elle implique, en exclure les industries du tabac
Adopter des réponses globales et ciblées sur les publics plus vulnérables
- Renforcer les moyens des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) en fléchant ces ressources vers les publics plus vulnérables
- Multiplier les Consultations jeunes consommateurs « hors les murs »
- Soutenir la création de consultations d’addictologie pour femmes et créer davantage de structures
résidentielles dédiées à l’accompagnement des femmes
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La fiche de synthèse de l'avis
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