Deux ans après L'illettrisme, grande cause nationale (2013) et dans le prolongement du rapport Quelle France dans 10 ans ?, publié en 2014 par France Stratégie, la Note d’analyse de France Stratégie publiée en août 2015 fixe un objectif ambitieux de réduction de la part des adultes en situation d’illettrisme : diviser par deux cette proportion d’ici à dix ans.
À travers notamment le compte personnel de formation (CPF), des dotations spécifiques pour les personnes en situation d’illettrisme pourraient être mises en place afin d’assurer un socle minimum de compétences de base pour tous. Environ 50 millions d’euros supplémentaires au 160 millions d'euros disponibles chaque année à la lutte contre l’illettrisme seraient nécessaires pour atteindre cet objectif.
Au-delà des politiques menées dans le cadre scolaire, lutter contre l’illettrisme nécessite de s’attaquer à ces situations chez les jeunes afin d’agir précocement par la mise en place d’un pilotage interministériel, un signalement systématique des situations d’illettrisme qui aboutisse à un accompagnement individuel et à son financement dédié. L’identification des adultes est tout aussi cruciale, dans l’entreprise (partenaires sociaux, managers...) comme en dehors. Le développement du conseil en évolution professionnelle (CEP) pourrait servir à renforcer la détection et la prise en charge des actifs en situation d’illettrisme, afin de les encourager à mobiliser leurs droits à la formation.
Selon l’enquête Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC) de l’OCDE, publiée en 2013, sur le territoire métropolitain, 2,5 millions de personnes entre 18 et 65 ans scolarisées en France en 2011, soit 7 % de la population, sont en situation d’illettrisme. Au-delà de ce noyau, 22 % des adultes âgés de 16 à 65 ans ont un faible niveau de compétence dans le domaine de l’écrit et 28 % dans le domaine des chiffres. La France détient le triste recors d'un niveau moyen des adultes en lecture et en calcul parmi les plus faibles des pays de l’OCDE.
La part des adultes dotés d’un niveau faible de maîtrise des compétences en lecture est en France quatre fois plus élevée qu’au Japon et deux fois plus qu’en Finlande.
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L’illettrisme concerne en moyenne davantage les hommes que les femmes et plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont plus de 45 ans (Enquête Information Vie Quotidienne). Les évaluations en lecture de la journée Défense et Citoyenneté (JDC) montrent que cette situation concerne 4,1 % des jeunes Français ayant au moins 17 ans et qui ont des difficultés sévères en lecture.
Quentin Delpech, Nicolas Charles, ​Note d'analyse, Lutter contre l'illettrisme. Un impératif économique et social, n°34, France Stratégie, août 2015