EUROPE
Canicules en Europe : mortalité et stratégies d'adaptation
L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe et atteint des records de température et de sécheresse. Une récente étude de l’Inserm et l’Institut de Barcelone pour la Santé Globale estime aujourd’hui que la mortalité attribuable à cet été caniculaire dépasse les 60 000 décès.
En 2003, l’Europe a connu une canicule exceptionnelle qui, selon les estimations, serait à l’origine de 70 000 décès. Par la suite, des stratégies d’adaptation ont été développées pour réagir rapidement en cas de forte chaleur et pour protéger les populations les plus vulnérables. Face à la multiplication des épisodes de canicule, caractériser la mortalité associée à ces vagues de chaleur et évaluer l’efficacité des stratégies mises en place pour y faire face apparaissent comme primordial.
En 2022, entre le 30 mai et le 4 septembre, ce sont près de 62 000 décès qui sont attribuables à l’excès de chaleur. Parmi ces décès, près de 12 000 sont concentrés entre le 18 et 24 juillet, ce qui correspond à une vague de chaleur paneuropéenne particulièrement intense. Les pays les plus touchés durant cette canicule ont été l’Italie (18 000 décès), l’Espagne (11 500 décès), l’Allemagne (8 000 décès), suivis de la France (5 000 décès).
Par ailleurs, cette mortalité varie fortement selon l’âge, une grande majorité des décès liés à l’excès de chaleur concernant des personnes âgées de 80 ans et plus. Le sexe est aussi à prendre en compte, les femmes étant plus vulnérables à la chaleur : en 2022, la mortalité prématurée attribuable à la chaleur était 63 % plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Chez les 80 ans et plus, cette surmortalité féminine atteint les 27 %.
Contrairement à 2003, les pays européens pour la plupart disposaient en 2022 de plans canicule actifs. Au regard de la mortalité liée à la chaleur durant cet été, il apparaît primordial d’améliorer les stratégies de prévention et d’adaptation lors des épisodes de canicule. Face à l’accélération du réchauffement climatique, qui touche particulièrement l’Europe, il est nécessaire de réévaluer et de renforcer ces plans de prévention, en prenant en compte les différences de vulnérabilité à la chaleur selon l’âge, le sexe ainsi que les pays d’Europe. En l’absence de stratégie efficace, cette mortalité liée à la chaleur pourrait grimper à plus de 90 000 décès annuels d’ici 2040.
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